Catalyseur très attendu par les marchés, le redémarrage économique de la Chine n’a pas été à la hauteur des espérances.
S’il est probable que le pays parvienne malgré tout à atteindre les 5 % de croissance qu’il s’était fixé pour 2023 – objectif réitéré à l’occasion du forum d’été de Davos par le Premier ministre chinois Li Qiang1 – la Chine fait face à des défis cycliques nouveaux et structurels qui incitent à la prudence.
Une première préoccupation concerne nécessairement le contexte global de ralentissement du commerce mondial qui pèse inévitablement sur la dynamique industrielle et le commerce extérieur chinois. Autre sujet d’inquiétude : l’immobilier, qui représente environ 30 % de son PIB. Un ralentissement significatif de ce secteur pourrait peser sur la croissance, alors même que la méthode de résorption de la crise par les autorités reste incertaine. Enfin, la démographie vieillissante menace les perspectives de croissance à long terme : en moyenne, 18,7 % de la population aurait plus de 60 ans2 . Une lueur d’espoir tout de même : l’épargne abondante des Chinois laisse espérer une reprise vigoureuse de la consommation à moyen terme, dès lors que la confiance viendra à renaître. A plus long terme, la Chine restera attractive avec une croissance annuelle qui devrait rester comprise entre 3% et 5%, un niveau supérieur à celui attendu dans les économies occidentales.
En zone euro, région par ailleurs particulièrement dépendante de l’activité chinoise, le constat est, lui aussi, mitigé. Les dix hausses de taux consécutives de la Banque centrale européenne (BCE)3 ont provoqué un net ralentissement de l’économie, avec une croissance de 0,5 % en glissement annuel au deuxième trimestre 20234 . Première économie et locomotive industrielle de l’Union européenne, l’Allemagne est entrée en récession technique et continue de souffrir de sa forte dépendance énergétique au gaz russe.
La situation se révèle bien différente de l’autre côté de l’Atlantique, où les États-Unis affichent une remarquable résilience économique. Alors que la croissance du PIB pour 2023 était attendue inférieure à 1 % en début d’année, les dernières estimations la portent à 2 %, soutenue par une consommation des ménages robuste et un marché du travail solide. Les mesures protectionnistes de l’”Inflation Reduction Act” participent également à créer une dynamique positive sur les secteurs liés à la transition énergétique, et plus largement à la bonne tenue de l’économie américaine.
Si la trajectoire économique mondiale est contrastée, l'inflation élevée reste une préoccupation centrale. Le phénomène désinflationniste est bien engagé et apporte davantage de visibilité sur la politique monétaire de la BCE et de la FED pour les prochains mois. Toutefois, la récente remontée des prix du pétrole liée à la baisse de production volontaire des pays de l'OPEP+5 pourrait bien fragiliser le processus de ralentissement de l'inflation.
[4] https://tradingeconomics.com/euro-area/gdp-growth-annual