Grâce à un mouvement de désinflation bien engagé et la perspective du pivot tant attendu des banques centrales, 2023 s’est achevée sur une note positive.Le regain d’optimisme sur les marchés financiers contraste pourtant avec une situation géopolitique tendue et un découplage économique entre les principales régions du monde qui se creuse.

Par sa résilience, l’économie américaine n’a cessé de surprendre positivement en 2023, portée par un marché de l’emploi dynamique et un taux de chômage inférieur à 4 %. Les salaires réels restent en progression et soutiennent la consommation des ménages. L’atterrissage en douceur – « soft landing » – de la première puissance mondiale semble être le scénario le plus probable en 2024. Pour autant, l’endettement fédéral et le déficit très élevés – à respectivement 120 % et 7 % du PIB en 2023 – sont des facteurs de risque à prendre en compte. En outre, la consommation des ménages devrait inévitablement ralentir en raison de l’épuisement des réserves d’épargne constituées durant la pandémie. Enfin, la perspective des élections américaines au second semestre devrait cristalliser un peu plus les dissensions sociales auxquelles le pays est en proie.

Dans la zone euro, l’épisode de surchauffe inflationniste semble désormais révolu. L’inflation a atteint 2,4 % sur un an en novembre, loin du pic constaté à 10,6 % en octobre 2022. Néanmoins, la dynamique économique reste terne et fortement contrastée. L’Allemagne est, par exemple, en récession technique, tandis que d’autres pays s’en rapprochent.

En Chine, le secteur immobilier en situation critique et la reprise post-Covid atone continuent de peser sur les perspectives. De plus, l’opacité des données économiques du pays rend difficile l’anticipation d’une tendance claire, ce qui incite les investisseurs à rester prudents.

Sur le plan géopolitique enfin, un nouveau conflit a embrasé le Moyen-Orient au dernier trimestre, dans un climat international où les tensions étaient déjà palpables. En effet, la guerre en Ukraine s’enlise, après quasiment deux ans d’affrontements. Les relations diplomatiques entre la Chine et les États-Unis restent tendues, dans un contexte où chacune de ces puissances cherche à s’affranchir de l’autre sur le plan économique. Cet environnement géopolitique complexe devrait rester en toile de fond des années à venir, avec des incidences sur le prix des matières premières et des perturbations sur les chaînes d’approvisionnement mondiales.

En conclusion, malgré les incertitudes de début d’année, l’économie mondiale a résisté en 2023 et la récession redoutée ne s’est pas matérialisée. Aux États-Unis et en zone euro, le ralentissement de l’inflation est bien amorcé et devrait se poursuivre en 2024. Les marchés financiers s’attendent donc à ce que la FED et la BCE assouplissent leur politique monétaire rapidement.

Il subsiste cependant des risques majeurs sur le plan géopolitique. Dans les prochains mois, l’attention des marchés devrait se porter sur le calendrier des baisses des taux des principales banques centrales. Pourvu que leur mise en œuvre intervienne au moment opportun, afin de sécuriser le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine et mondiale.