Une page importante semble se tourner pour l’économie mondiale : celle d’une inflation galopante. Après deux années de lutte acharnée contre la hausse des prix, l’attention se porte désormais sur une croissance économique qui montre des signes de fragilité.
Le spectre de l’inflation, qui hantait les économies développées, bat enfin en retraite. La zone euro affiche une inflation de 2,2 % sur un an glissant 1, tandis qu’aux États-Unis, elle se stabilise à 2,5 %. Ces chiffres, au plus bas depuis 2021, frôlent l’objectif de 2 % fixé par les banques centrales. Les politiques monétaires restrictives menées de concert dans les deux zones économiques ont joué un rôle déterminant dans ce processus désinflationniste. Plus récemment, la décrue des prix des matières premières a accéléré cette tendance, à commencer par le pétrole dont le prix du baril s’est replié de 18 % durant les douze derniers mois 2.
Ce tableau encourageant est toutefois assombri par des inquiétudes grandissantes sur la vitalité de l’économie réelle. Mi-septembre, le président de la Réserve fédérale américaine a posé un geste fort, en abaissant les taux directeurs d’un demi-point de pourcentage, un choix historiquement élevé, alors que le marché de l’emploi, jusqu’ici très robuste aux États-Unis, montrait des signes de fébrilité. Si le taux de chômage reste faible, à 4,2 % en août dernier, la rapidité de sa progression est un motif de vigilance (+0,8 points de pourcentage entre juillet 2023 et juillet 2024)3. En parallèle, l’activité industrielle présente de faibles statistiques, et ce, depuis de nombreux mois. Malgré ces éléments à surveiller, les salaires réels restent en hausse et continuent de stimuler la consommation des ménages, véritable locomotive de la croissance américaine. Pour l’instant, le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie reste le plus probable.
La zone euro navigue en eaux troubles, entre désinflation et croissance anémique. La dynamique des prix poursuit sa décélération, mais l’élan économique reste faible. L’industrie, pilier traditionnel de l’économie allemande, peine à retrouver son souffle. Le secteur des services, quant à lui, affiche une bonne vigueur, en particulier dans les pays méditerranéens qui se distinguent par une dynamique inattendue. La progression des salaires réels, à l’instar des États-Unis, mais aussi le niveau d’épargne élevé, laissent entrevoir une potentielle embellie dans les prochains mois.
Jadis moteur de la croissance mondiale, l’activité économique chinoise s’enlise, alimentant un pessimisme palpable chez les ménages dont la consommation intérieure est atone. La crise immobilière, véritable épée de Damoclès, continue de planer sur l’économie. Cependant, les très récentes annonces de mesures de soutien monétaire, budgétaire, ainsi qu’aux marchés actions et immobiliers pourraient marquer un changement de cap essentiel, et permettre de relancer la croissance domestique.
Malgré ces défis, l’économie mondiale fait preuve de résilience. La robustesse du secteur des services compense en partie les difficultés de l'industrie, tandis que les disparités régionales ouvrent des opportunités de croissance hétérogènes.
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